Dimanche dernier, Jésus envoyait ses disciples en mission.
Il leur disait : Voici que je vous envoie comme des brebis au milieu des loups !
On comprend donc pourquoi, aujourd’hui, il y a nécessité de les rassurer.
Ne craignez pas…
A trois reprise, Jésus invite à la confiance,
il exhorte à ne pas sombrer dans l’inquiétude.
Pour résumer succinctement les instructions de Jésus :
Je vous envoie en mission dans le monde, non pas en position de force, mais de vulnérabilité.
Pourtant, vous n’avez rien à craindre pour votre vie, même si on va s’opposer à vous,
car mon Père vous tient en sa main.
Et votre mission, c’est d’annoncer le Royaume de Dieu : il est caché, mais il doit être dévoilé.
Ne pas craindre les opposition et aller en mission.
Avec cette parole en bandoulière :
Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu.
Ce qui reste voilé, c’est d’abord la Parole de Jésus.
Elle a enthousiasmée les foules, mais l’évangile montre bien que son accueil reste superficiel.
C’est seulement à ses disciples qu’il explique tout,
et qu’il fait connaître la profondeur du mystère.
Il leur dit alors : Ce que je vous dis dans les ténèbres, dites-le en pleine lumière ;
ce que vous entendez au creux de l’oreille, proclamez-le sur les toits.
Sa Parole reste cachée à la foule,
elle apparaît même comme une énigme, par exemple lorsqu’il parle en paraboles.
A la question des disciples : Pourquoi leur parles-tu en paraboles ?,
Jésus leur répond : À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux,
mais ce n’est pas donné à ceux-là.
Si je leur parle en paraboles, c’est parce qu’ils regardent sans regarder,
et qu’ils écoutent sans écouter ni comprendre.
À vous il est donné de connaître les mystères du royaume des Cieux.
Car plus encore que sa Parole, ce qui reste voilé aux hommes,
c’est le mystère du royaume des Cieux.
Pourquoi fat-il que ce soit les disciples qui dévoilent ce que Jésus a laissé voilé ?
Ce n’est pas parce que les disciples disposeraient d’une supériorité.
C’est même tout le contraire : c’est parce qu’il faut être petit,
et qu’on ne peut entrer dans le Royaume que par la porte étroite.
Rappelons-nous ce que proclame Jésus, alors qu’il est saisi par l’Esprit :
Père, Seigneur du ciel et de la terre, ce que tu as caché aux sages et aux savants,
tu l’as révélé aux tout-petits.
Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bienveillance.
Seuls les tout-petits peuvent pénétrer le mystère du Royaume.
Et si Jésus invite aujourd’hui ces tout-petits qui sont ses disciples
à proclamer sur les toits ce qu’ils ont reçus dans le secret du cœur,
c’est justement pour utiliser les moyens adaptés au Royaume :
ce sont des disciples en état de petitesse qui peuvent ouvrir le cœur de leurs frères et sœurs.
Pour annoncer le Royaume, il ne s’agit donc pas de disposer de belles qualité de parole,
mais plutôt de vivre soi-même des Paroles de Jésus
et de proclamer l’évangile par toute sa vie.
C’est ce témoignage-là qui dérange le monde et suscite souvent l’hostilité.
On a entendu le livre de Jérémie en première lecture :
Jérémie dérange parce que sa prophétie n’est pas seulement de parole,
mais que son message fait un avec sa vie.
Devant une telle prophétie, soit on se convertit, soit on veut supprimer le prophète…
Il semble que c’est ce que Jésus attend de nous :
devenir des témoins qui traduisent sa Parole en vie humaine de notre temps,
une vie prophétique
qui montre à travers nous comment la Parole de Jésus peut transformer le monde.
Écouter sa Parole, et la mettre en pratique.
Être missionnaire de cette manière ne peut pas laisser indifférent.
Nous n’avons pas à avoir peur que notre vie chrétienne suscite aussi le rejet
ou même l’opposition.
Ne craignez pas, dit Jésus.
Dans la deuxième lecture, Paul nous rappelle l’enjeu de la mission :
il ne s’agit pas de répandre une doctrine, mais bien de vie et de mort !
Car le péché, c’est à dire le rejet de Dieu et la révolte des hommes contre Lui,
le péché conduit à la mort.
La mort de l’âme, et la mort du corps.
Paul rappelle que seul Jésus, par sa mort et sa résurrection,
peut nous guérir du péché et de la mort.
Il l’a fait par son amour : là où le péché répand la mort,
Paul rappelle qu’il n’en va pas du don gratuit comme de la faute.
Le péché est un piège trompeur.
La grâce de Dieu, le don gratuit, est une loi de liberté et de vérité.
L’évangile de dimanche dernier se terminait sur cette Parole de Jésus :
Vous avez reçu gratuitement, donnez gratuitement.
C’est bien là l’enjeu de la mission : transmettre le don gratuit,
avec les moyen qui correspondent à la nature de ce don de Dieu.
Pour annoncer le Royaume de Dieu, il faut le vivre en même temps que nous le proclamons,
le vivre par le moyen même par lequel nous l’annonçons.
Ainsi, devant les refus et les oppositions, le disciple est bien obligé de s’en remettre au Seigneur,
il doit recevoir sa vie de Dieu.
Et c’est ainsi qu’il annonce le Royaume, car il devient manifeste que Dieu est avec lui.
Ce qui était caché est alors dévoilé dans notre manière d’aimer ceux à qui on parle de Dieu,
tout autant que notre manière dont on affronte les obstacles en mettant notre confiance en Dieu.
Le don gratuit de Dieu, qui est la source vive du Royaume de Dieu sur la terre,
est toujours en même temps un don reçu et un don offert.
La mission devient le lieu où tous font l’expérience de ce don, de la grâce :
ceux qui reçoivent l’annonce, mais aussi les chrétiens qui sont en mission.
C’est pourquoi la mission n’est pas facultative : elle est bien une nourriture essentielle de la vie chrétienne, au même titre que l’écoute de la Parole et l’Eucharistie !
Car à travers la mission, nous sommes fortifiés dans la grâce,
et témoins privilégiés de la grâce à l’œuvre dans la vie des hommes.
Mais surtout : rappelons-nous !
La mission n’est pas un endoctrinement ou une persuasion ;
elle est charité, humilité, et annonce de Jésus mort et ressuscité pour nous.
Nous n’avons rien d’autre à annoncer que ce que nous avons reçu !
Notre Père, que ton règne vienne aujourd’hui sur la terre.
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