Le nouveau testament
Homélie de fr. Benedikt  |
le 18 mai 2025  |
Texte de l'évangile : Jn 13, 31-33a.34-35

Chers frères et sœurs, l’Évangile que nous venons d’entendre nous rapporte une partie de l’entretien suprême de Jésus avec ses disciples. C’était au soir du Jeudi Saint. Jésus vient de laver les pieds de ses disciples. Judas est sorti pour le trahir.

Parfois nous appelons le message de Jésus, transmis par les écrits des apôtres : le nouveau testament. Et bien aujourd’hui c’est vraiment de ce testament de Jésus que nous parlons. Un chef politique aurait désigné son successeur. Un propriétaire aurait distribué ses biens. L’héritage de Jésus porte uniquement sur la relation ! Il nous lègue quelque chose de Lui-même, une nouvelle manière d’exister en ce monde et au-delà de lui.

Il nous laisse en héritage, un commandement nouveau qui dit : aimez vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. Il ne s’agit pas ici de l’amour du prochain en général, mais de celui que se donnent spécifiquement ses disciples, les chrétiens, les uns envers les autres ; que nous nous donnons, nous ici présents, les uns aux autres. Ce n’est pas non plus juste une exigence, c’est une part de son esprit. Car il ne laisse pas seuls. Bien au contraire, la Pâque de Jésus est un grand signe de sa constante présence spirituelle et du don de l’Esprit Saint, qui anime et fortifie l’amour chrétien en nous.

Par nos relations au sein de la communauté chrétienne, nous pouvons ainsi découvrir son visage. Quand un frère donne sa vie pour moi, quand il se met à genoux, en tenue de serviteur, et devient pour moi un Christ, visage du Père des miséricordes. Quand il prie, quand il agit, quand il m’aime. Jésus nous invite à dire et redire, révéler à l’autre son trésor, sa dignité, et finalement sa gloire : tu es le Christ, tu es le bien-aimé, Dieu t’aime.

Si nous nous demandions, comme dans un sondage : pourquoi sommes-nous rassemblés ce matin ? en quoi faisons-nous Eglise ?, nous répondrions certainement : parce que nous croyons au Dieu de Jésus Christ, qui est Père, Fils et Esprit. Spontanément nous donnerions donc une réponse de foi, mais sans préciser de suite son contenu concret. Or cette première réponse n’est peut-être pas celle qui peut d’emblée toucher nos contemporains. Jésus nous dit : Ce qui montrera à tous les hommes que vous êtes mes disciples, c’est l’amour que vous aurez les uns pour les autres. Alors nous sommes évidemment une communauté de foi, mais de foi en Dieu qui est charité, qui est amour. Nous pourrions donc dire que nous sommes d’abord, que nous devons être ici, une communauté de charité, car c’est là que se joue la valeur de notre foi en notre Dieu, ainsi que notre crédibilité face au monde.

L’enjeux est de taille. Dans la deuxième lecture, tirée de l’apocalypse de Saint Jean, nous entendons, cette déclaration très forte : Voici que je fais toutes choses nouvelles. Oui, le commandement nouveau est comme une graine de l’Apocalypse, de la recréation du monde : le commandement nouveau, la relation nouvelle, le peuple nouveau, la création nouvelle ! Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. La vraie demeure de Dieu, celle qui a toujours été la sienne, c’est l’homme, et ce sont les hommes dont Jésus Christ s’est fait le frère.

Lui, l’ami et frère de tous, veut que nous nous aimions ainsi. Jusqu’au sein de nos familles nous sommes les héritiers et les apôtres de cet amour nouveau. Il faut s’aimer chrétiennement entre les époux, entre les parents et les enfants, entre les petits enfants et grands parents. Il faut pouvoir le dire à son épouse, à son époux : ma sœur, mon ami, ma bien-aimée… comme le Christ et avec lui.

C’est vous …, le peuple qui appartient à Dieu ; vous êtes donc chargés d’annoncer les merveilles de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. Car autrefois vous n’étiez pas son peuple, mais aujourd’hui vous êtes le peuple de Dieu. Vous étiez privés d’amour, mais aujourd’hui Dieu vous a montré son amour.

Voilà la bonne nouvelle que nous entendons ce dimanche. C’est une immense scène d’amour nouveau qui ne demande qu’à enserrer toute une communauté et même le monde entier. Aimer, c’est prolonger Dieu, c’est vivre à sa manière sans exclure personne. Ce qui fait la valeur d’une vie, c’est un amour de plus en plus à la ressemblance de celui de Jésus pour nous.

***

Chers frères et sœurs, depuis le jour de Pâques, tout est accompli ; le Christ est glorifié. Et Dieu est glorifié en lui. Le monde nouveau est advenu en lui. C’est un monde où le péché est continuellement, progressivement et définitivement vaincu. Une vie nouvelle est en train de naître.

Jésus est glorifié lorsque son amour est parfaitement révélé par son sacrifice et sa résurrection. Lorsque son amour se déploie dans le monde à travers ceux qui vivent de son Esprit. Jésus est glorifié par tout ce que nous faisons de bon en son nom, il est glorifié malgré notre faiblesse. Il y a une cohésion, un lien entre lui et sa joie auprès du Père et nous ici sur la terre, nous qui voulons écouter son invitation à la relation nouvelle en Lui. Chaque petite chose, petit service, petite prière, fait partie de ce monde nouveau. Chacun est une pierre, une brique, de la Jérusalem nouvelle.

L’Évangile de ce dimanche vient donc nous rappeler notre héritage et notre mission. Le nouveau testament. C’est à nos gestes d’amour, de partage et de solidarité que nous serons reconnus comme disciple du Christ. Nous sommes envoyés pour annoncer au monde la bonté du Seigneur, sa tendresse et sa miséricorde. Il compte sur nous pour en être les messagers dans notre vie de tous les jours.

 

Homélie inspiré par les propos des PP. Jacques Pineault et Damien Debaisieux de l’abbaye Notre-Dame de Scourmont