Il faut tout d’abord dire qu’aller dans le désert n’est pas tout de suite un problème. On y trouve la beauté de la solitude et de la paix. Cette intimité avec Dieu, auquel la Bible donne un nom: le temps des fiançailles. C’est avec le temps que se manifeste la faiblesse et les débuts heureux se transforment peu à peu en épreuve, puis l’épreuve en tentation.
Jésus n’est pas entré dans le désert tout de suite dépourvu de la joie de l’Esprit. Jésus, rempli d’Esprit Saint, quitta les bords du Jourdain ; dans l’Esprit, il fut conduit à travers le désert. Jésus n’a certainement pas triché, il est allé au désert. Mais nous ne savons pas dans quel désert il est allé concrètement! Celui de Juda, entouré des grandes villes? Celui de Negev ou de Paran, lieu de la grande histoire d’Israël? Ou celui des bord de la Mer Morte, où s’étaient cachés les Esséniens? Tous les déserts étaient occupés en effet. Alors nous pouvons nous imaginer aussi qu’il est parti dans notre désert de la ville, lieu du combat parfois solitaire, mais plein des promesses vraies et fausses.
Les quarante jours ressemblent ainsi aux quarante jour de l’exploration de la Terre Promise par un autre Jésus – Josué. Nous avons vu une terre belle et ouverte, allons, Dieu nous la donne en possession, ne craignez pas! Mais le peuple n’a pas cru à la promesse…
Jésus explore la gloire, la richesse, la splendeur du Royaume. Il sait que Dieu est son Père, il connaît la joie de la dignité du Fils, il trouve en lui-même la certitude de ce bien qu’il faut répandre sur toute la terre.
Puis il est tenté de la renier. Une tentation que la promesse n’a pas assez de force pour conduire au bien. L’envie de sortir du désert qui se mêle à la peur d’en sortir dépourvu des moyens. Affamé, avec la seule force, celle de la confiance et de l’abandon.
Cette tentation est déclinée en trois formes que nous trouvons aujourd’hui dans l’Évangile. Puis il est dit par saint Luc que: le diable avait épuisé toutes les formes de tentations, et s’éloigna de Jésus jusqu’au moment fixé. C’est-à-dire que même dans notre vie il n’y a pas seulement un seul temps du combat. Pas toute épreuve nous conduit à la tentation, pas toute tentation est fatale. Nous prions bien dans le Notre Père : et ne nous laisse pas entrer en tentation. Conduits par l’Esprit, dans la joie de la certitude d’être les enfants de Dieu, nous ne sommes pas seuls, nous ne devons pas être seuls, face aux difficultés de nos déserts. Jésus aussi était tenté toute sa vie nous laisse un exemple.
Tout d’abord: laissons nous enraciner dans notre dignité des Fils de Dieu. Chaque jour demandons et accueillons l’Esprit Saint comme le témoin et le défenseur de notre volonté bonne de faire le bien, comme Jésus. C’est ainsi que se construit un fondement solide qui nous permet de résister avec facilité aux idées farfelues du démon. Elles n’ont pas de sens et nous le savons. Ce qui est certain c’est l’amour du Père qui nous appelle et nous envoie prendre en possession l’héritage promis de la vie en plénitude.
Cette conscience évangélique représente l’arme fondamentale pour le combat à longue haleine. C’est avec cet esprit que Jésus est parti dans le désert. Prenons un exemple concret de notre actualité. Ce sont nos conviction fortes qui ont permis de s’unir face à la pandémie, notamment au début, ou aujourd’hui contre la guerre que le gouvernement russe fait en Ukraine. Comment ne pas faiblir avec le temps? Comment ne pas succomber à la tentation d’arrêter, au moment où nous nous sentirons faibles? Affamés de paix ou des prix du carburant plus modérés? En effet les convictions fortes n’éliminent pas les attaques du diable au quotidien. Jésus au désert nous enseigne donc à employer une autre arme, arme de la Parole forte. Il faut que la volonté se dresse tout de suite face à ce que nous ne voulons pas subir. Il faut écraser la tête du serpent, comme le dit un père de l’Église. C’est-à-dire, ne pas attendre que la mauvaise pensé apparaît dans toute sa grandeur, mais l’arrêter tout de suite, au début, par une Parole forte: Jésus lui répondit : « Il est écrit : C’est devant le Seigneur ton Dieu que tu te prosterneras, à lui seul tu rendras un culte. ». Ou quand il a été tenté par la parole de l’apôtre Pierre: Arrière de moi, Satan! car tu ne conçois pas les choses de Dieu, tu n’as que des pensées humaines.
Or il y a la dernière tentation. Celle de Jésus sur la croix: Toi qui détruis le temple, et qui le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même! Si tu es le Fils de Dieu, descends de la croix! À cette tentation Jésus ne répond plus. Il affirme seulement “J’ai soif.”, puis il dit : “entre tes mains Père, je remets mon esprit.
Face à la faiblesse ultime, Jésus remet avec un abandon complet, une confiance absolue, cet Esprit qui l’a accompagné et conduit tout au long de sa vie, entre les mains du Père. Que ta volonté soit faite. L’arme ultime contre la tentation ultime. Jamais nous ne sommes sans arme contre le mal. Il faut d’abord confesser le bien coûte que coûte. Il faut tenir bon, en se dressant contre le mal grâce à une parole claire. Enfin il faut s’abandonner entre les mains du Père quand nous arrivons au but de notre chemin, dans un ultime combat contre la mort. Jésu ressuscité nous montre le chemin jusque là.