«Il y eut un soir, il y eut un matin», scande comme un refrain le récit de la création qui se déploie sur les premières pages de l’écriture Sainte (Gn 1,5.8.13…). De même, en cette fête de Noël, nous pouvons dire : il y eut un soir, il y eut un matin.
Soir de veille à Bethléem à la recherche d’une place pour que l’enfant puisse naître. Soir où dans la nuit, l’Enfant a vu le jour. Nuit où les anges ont chanté leur joie et les bergers adoré leur Roi. Il y eut un soir, il y eut un matin.
Matin où tout se fait silence. Matin où le nouveau-né dort dans les bras de sa mère sous le regard ému de celui qui sera son père. Matin où les anges ont regagné leur demeure du ciel et les bergers leurs pâturages. Il y eut un soir, il y eut un matin.
Soir où l’on célèbre l’heureux événement de la naissance du Sauveur. Matin où le croyant est conduit à méditer sur ce qui vient de se passer. Il y eut un soir, il y eut un matin.
Soir où, à travers le récit de l’évangile selon saint Luc, nous fêtions l’enfant. Matin où, à l’écoute du Prologue de saint Jean, nous célébrons le Verbe, la Parole de Dieu. Et c’est tout un. Il y eut un soir, il y eut un matin.
Non seulement un enfant nous est né, mais encore la Parole nous a été donnée. Cette nuit, nous avons entendu, nous avons vu de nos yeux l’Enfant couché dans une mangeoire. En ce matin, nous le confessons : ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché, c’est le Verbe de vie (cf 1 Jn 1,1), la Parole de Dieu qui a revêtu notre chair humaine.
Il y eut un soir, il y eut un matin : jour unique où soir et matin s’unissent pour proclamer le même mystère. Nuit où la naissance de Jésus, le Fils de Dieu, s’inscrit dans l’histoire des hommes. Matin où l’Incarnation du Verbe de Dieu s’inscrit dans la foi des croyants. En ce matin de Noël, Saint Jean nous invite à ce regard qui voit plus loin que l’enfant, un regard qui est révélation.
«Au commencement était le Verbe, la Parole de Dieu», proclame Jean (Jn 1,1). Au commencement, qu’est-ce à dire ? Non seulement le Verbe existe depuis toute éternité, par delà le temps, mais plus encore il est au principe de toutes choses créées. Au principe, Dieu créa le ciel et la terre, commence la Genèse (Gn 1,1). C’est le Verbe qui est principe, origine de toute création. C’est par lui que tout est venu à l’existence et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui, confirme Jean. En lui était la vie. Or Bonne Nouvelle, frères et sœurs … Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Celui qui est sans commencement est entré dans le temps. Celui qui est engendré et non pas créé est né d’une femme. Celui qui est créateur s’est fait créature. Celui qui est la lumière des hommes s’est laissé circonscrire dans l’opacité de notre chair humaine. Celui qui est le principe de notre vie a pris visage d’homme. Notre vie, c’est Jésus. Ce que nous sommes, c’est en Lui que nous le trouverons.
Le péché a terni notre identité d’hommes. Il nous a coupés de notre origine, du principe de notre vie. Mais voilà que tous ceux et celles qui accueillent cet enfant qui s’appelle Jésus, tous ceux et celles qui croient en son nom, il leur est donné de pouvoir devenir enfants de Dieu. En cette nuit, Jésus est né sur la terre en enfant des hommes. En ce jour, si nous croyons en Lui, c’est nous qui naissons au ciel en enfants de Dieu. Nous ne sommes pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme, nous sommes nés de Dieu. En cette nuit, Jésus est né, en ce matin, c’est à nous de naître par la foi. Il y eut un soir, il y eut un matin.
«Et le Verbe était auprès de Dieu», continue Saint Jean, plus exactement tournés vers Dieu, face à lui. Le Verbe est tout entier orienté vers Celui de qui vient toute paternité au ciel et sur la terre. (ép 3,15) Or Bonne Nouvelle, frères et sœurs… Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous. Le Fils unique, plein de grâce et de vérité s’est rendu visible à nos yeux. Cet enfant est tout entier livré à nos mains d’homme et pourtant il n’appartient qu’au Père. Même Marie sa mère ne pourra pas le retenir, sur la croix, dans sa pâque vers le Père. Jésus est Fils, il est occupé aux affaires de son Père (Lc 2,49) au point qu’il peut dire : le Père et moi, nous sommes un (Jn 10,30). Jésus vient dans notre chair pour nous ramener vers notre Père unique (Mal 2,10). En cette nuit, le Verbe, en Jésus, est descendu du ciel sur la terre. En ce matin, il nous dit : «Suis-moi, nul ne vient au Père que par moi» (Jn 14,6). Notre route ici-bas, c’est Jésus. Le but de notre vie, c’est en Lui que nous le trouverons. Le premier Adam nous a coupés du Père. Le nouvel Adam nous ramène vers Lui. Suivons celui qui est la vraie lumière qui éclaire tout homme en venant dans le monde. En cette nuit, le Fils de Dieu est né Fils de l’homme. En ce matin, les fils d’Adam sont appelés à renaître fils du Père, à se tourner vers Lui. Soir de la contemplation, Matin de la conversion. Il y eut un soir, il y eut un matin.
«Et le Verbe était Dieu». En cet enfant qui vient de naître habite corporellement la plénitude de la divinité (Col 2,9). Et le Verbe s’est fait chair. En cette nuit, l’homme a accueilli Dieu dans son humanité. En ce matin, c’est Dieu, désormais présent en nous, qui nous attire à Lui. En cette nuit, la divinité a épousé notre humanité. En ce matin, chaque homme est invité à se vider de lui-même, de sa suffisance, pour se laisser remplir par Dieu. En cette nuit, le Verbe a pris forme humaine. En ce matin, Jésus veut prendre forme en nous et faire de nous son corps, le Corps du Christ. La vérité de notre être, c’est Jésus. Il y eut un soir, il y eut un matin.
Deux facettes d’un unique jour : Dieu dans l’histoire pour qu’advienne Dieu dans nos vies. Dieu si proche de l’homme pour que l’homme s’approche de son Dieu. Dieu dans l’homme pour que l’homme devienne dieu. Venez, frères et sœurs, le jour s’est levé. Faisons de nos vies cette aurore de Noël qui ne finit pas. Jésus est le chemin, la vérité et la vie de notre humanité (Jn 14,6). Jésus ! Emmanuel ! Dieu-avec-nous et nous en Dieu !
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