Dieu est vie et sa joie, c’est de nous partager sa vie. Oui, Dieu-Trinité est débordement de vie. Entre le Père, le Fils et l’Esprit, la vie circule. Et cette vie se fait grâce quand elle rencontre l’homme, la femme, l’être créé, le vivant. L’humain est orienté vers la grâce. Et Dieu est tourné vers l’humain pour le combler de sa grâce. En ce jour où nous célébrons la très sainte Trinité, nous pouvons, frères et sœurs, remercier Dieu pour la vie qui nous vient de lui et qui se fait éternité en celui, en celle qui croit en lui. En nous circule plus que du sang. En effet, la grâce de Dieu passe en nous et fait sa demeure en nous. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure » (Jn 14, 23). De la sainte Trinité ne cesse de sortir la grâce, le don de Dieu. Ce don est continu de siècle en siècle. Avec l’évangéliste Jean, nous pouvons dire avec reconnaissance : « Tous nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ; car la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ » (Jn 1, 16-17).
Si nous sommes devenus des êtres graciés, comblés de la grâce divine, nous sommes désormais unis les uns aux autres par un lien plus fort que celui de la nature humaine. « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique » (Jn 3, 16). Dieu a donné au monde celui qui est « plein de grâce et de vérité » (Jn 1, 14). Devant la grâce, devant le don de Dieu, il n’y a pas de supérieurs ou d’inférieurs, de privilégiés ou d’oubliés, de jeunes ou de vieux, il y a des hommes et des femmes égaux en dignité. Parce que chacun de nous est touché par la grâce, choisi par Dieu pour être comblé de sa grâce, nous pouvons nous reconnaître mutuellement comme des frères et des sœurs dans le Christ. Nous pouvons nous adopter fraternellement les uns les autres en Celui qui s’est fait l’aîné d’une multitude de frères. Nous formons ensemble le Peuple de Dieu, un peuple de frères, un peuple de rois car oints par la grâce de Dieu. Dieu nous aime en nous engendrant comme frères et sœurs. Le don de sa grâce se traduit très concrètement par le don de la fraternité.
Mais l’œuvre de la grâce ne s’arrête pas là. Le don de Dieu, il n’est pas fait pour être thésaurisé mais pour être transmis. Chacun de nous est dans le monde sans être du monde. Nous sommes envoyés dans le monde pour témoigner et pour partager ce que nous avons reçu : le don de Dieu. C’est pourquoi le Christ fait de nous un royaume de prêtres. Prêtres, nous le sommes tous en tant que dispensateurs de la grâce de Dieu. Un acte de charité et c’est la grâce de Dieu qui est donnée. Un pardon qui est demandé et c’est la grâce de Dieu qui se répand. Un acte de foi et c’est la grâce de Dieu qui ouvre des sentiers inexplorés.
Quel chemin parcouru par la grâce ! Du sein de la sainte Trinité, elle rejoint le cœur de l’homme. La grâce est comme celui qui a trouvé un trésor dans un champ et qui vend tout pour acquérir ce champ. Elle bâtit la fraternité nouvelle, celle des enfants de Dieu. Et elle poursuit sa route permettant à l’homme d’engendrer à son tour la vie de Dieu dans l’ordinaire de son existence.
Comment ne pas rendre grâce pour notre vocation baptismale qui fait de nous des prêtres, des prophètes et des rois ? Comme Paul nous y invite dans son épitre aux Corinthiens : « Frères, sœurs, soyons dans la joie, cherchons la perfection – celle de la grâce et non celle de nos mérites –, encourageons-nous, soyons d’accord entre nous, vivons en paix et le Dieu de la paix sera avec nous. Que la grâce du Seigneur Jésus Christ, l’amour de Dieu et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous ». (cf. 2 Co, 13, 11-13)
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