L’évangéliste Luc a convoqué tous les grands du monde connu, juif et païen, pour nous annoncer un événement inouï : la prophétie vient de renaître en Israël. La prophétie que l’on croyait morte depuis le retour de l’exil à Babylone se réveille en la personne de Jean qui baptise au Jourdain.
Que les grands de ce monde qui font sentir leur pouvoir soient avertis (Mt 20, 25) : Dieu parle aujourd’hui. Le roi Hérode et son frère Philippe, qui seront mêlés de près à la mort de Jean le Baptiste, seront témoins qu’on n’enchaîne pas la Parole de Dieu (2Tm 2, 9). « Jean, je l’ai fait décapiter, mais qui est cet homme dont j’entends dire de telles choses ? », demandera Hérode au sujet de Jésus (Lc 9, 9). Si la Voix qui crie a été condamné au silence, la Parole a continué à se propager jusqu’à ce jour et les rois de la terre n’ont jamais pu la faire taire.
Que les grands prêtres du Temple, qui imposent des fardeaux aux petites gens, soient aussi avertis : ce n’est plus à Jérusalem que l’on va adorer le Père. Si le salut vient des juifs, désormais tout être vivant verra le salut de Dieu. Car l’heure vient – et c’est maintenant – où les véritables adorateurs adoreront le Père dans l’esprit et la vérité car tels sont les adorateurs que cherche le Père (Jn 4, 23). Hanne et Caïphe, qui seront mêlés de près, avec la complicité de Ponce Pilate, à la mort de Jésus seront témoins que la mort, même sur une croix, ne peut retenir l’auteur de la Vie. Ils auront beau payé généreusement des soldats pour qu’ils colportent un mensonge – vous direz que ses disciples sont venus de nuit et ont dérobé son corps tandis que nous dormions (Mt 28, 13) –, la Vérité a traversé les siècles. La Vie est plus forte que la mort.
Intentionnellement, Luc a cité les rois et les prêtres que l’on retrouvera quand le sang du Précurseur et le sang du Rédempteur seront versés. La pâque commence déjà, le procès est ouvert. Et nous en savons le moment précis : quand la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, le fils de Zacharie.
Au milieu de ce monde, et des grands de ce monde, la Parole de Dieu n’advient ni aux empereurs, ni aux princes hérodiens, pas même aux grands prêtres, mais à Jean, au désert et non dans un palais, ni au Temple.
Jean s’inscrit dans la lignée des prophètes d’autrefois. Il annonce l’avènement du Messie et du Jugement divin. Jean devient ainsi, sous la plume de Luc, le prophète des temps derniers.
Il ne dit pas : « Convertissez-vous afin de décider le Messie à venir ». Il proclame : « Convertissez-vous car Il vient. C’est sûr, c’est imminent, et il faut se mettre en route avec lui ». Le prophète révèle le sens de ce que se vit maintenant. Le salut n’est plus pour un futur indéterminé. Il est pour aujourd’hui. Jean vit ce qu’il prophétise. Il s’est immergé dans le silence et la solitude pour entendre la Parole de Dieu. Il s’est laissé buriné par le soleil du désert pour voir de ses yeux l’Agneau de Dieu. Il a purifié son cœur par l’ascèse et la conversion pour que son désir soit uniquement orienté vers Jésus et vers son Royaume.
A nous qui sommes devenus les prêtres, les prophètes et les rois de notre temps par la grâce du baptême dans l’eau et le feu, Jean nous interpelle : quelqu’un marche avec toi dans ta vie, c’est Jésus. Si tu libères ton cœur des ténèbres du péché, tu verras Dieu à l’oeuvre. Si tu aimes ton frère comme toi-même, c’est Jésus que tu honoreras. La clef de la joie de Noël, elle est dans notre cœur, dans notre désir profond d’ouvrir à Jésus un chemin pour qu’il vienne en nous.
Cet Avent est un avènement : soyons prophètes de Jésus présent et agissant dans notre monde, de Jésus aimant et consolant son peuple perdu, de Jésus priant et louant son Père. Nous le croyons, la Parole de Dieu est à l’œuvre aujourd’hui. Elle ne nous décevra pas : ton retour est proche, Marana tha, viens Seigneur Jésus !
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